Tripoli
et lancent un ultimatum
aux pro-Kadhafi
Des rebelles libyens, le 29 août, près de Syrte
REUTERS/ESAM OMRAN AL-FETORI
Les villes aux mains des kadhafistes ont jusqu’à samedi pour rendre les armes. Ultimatum lancé par le Conseil national de transition mardi 30 août. Passé ce délai, ces villes s’exposeront à l’usage de la force militaire, a prévenu Moustafa Abdeldjalil, le chef du CNT. « Nous ne souhaitons pas en arriver là, mais nous ne pourrons pas attendre plus longtemps », a-t-il dit lors d’une conférence de presse, précisant que des négociations étaient en cours avec des dignitaires de ces villes, notamment Syrte. « Cette fenêtre d’opportunité expirera à la fin de l’Aïd El-Fitr (vendredi en Libye). A partir de samedi, si une issue pacifique n’est toujours pas en vue sur le terrain, nous pourrons faire la différence militairement », a précisé M. Abdeljalil.
« Le lancement de la bataille finale est imminent. Jusqu’ici nous n’avons reçu aucune proposition de reddition pacifique. Nous voulons que tous sachent que nous sommes prêts militairement pour la bataille qui mettra fin au conflit », a renchéri le porte-parole militaire de la rébellion, Ahmed Omar Bani, à Benghazi. « Nous appelons les gens à Syrte à se soulever. Nous pensons que les loyalistes les empêchent de sortir de la ville, alors que la majorité d’entre eux désire nous rejoindre », a enjoint M. Bani.
La bataille de Syrte pourrait s’avérer particulièrement âpre, alors que le conflit libyen aurait déjà fait quelque 50 000 morts depuis son déclenchement il y a six mois, selon le colonel Hicham Bouhagiar, commandant des forces rebelles qui, parties du Djebel Nefoussa, ont pris Tripoli il y a une semaine.
L’ÉTAU SE RESSERRE AUTOUR DE SYRTE
Les forces de l’OTAN concentraient mardi l’essentiel des opérations militaires en Libye à la périphérie est de Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi et l’un des derniers bastions de ses partisans. Selon un communiqué de l’Alliance atlantique, les alliés seraient parvenus à détruire des infrastructures militaires de cette ville. « La zone sur laquelle nous concentrons notre attention est à présent un couloir entre Bani Walid et le bord oriental de Syrte où les forces pro-Kadhafi maintiennent un degré variable de présence dans plusieurs villes et villages côtiers », a expliqué le porte-parole de l’opération de l’Alliance atlantique en Libye, le colonel Roland Lavoie.
Les rebelles aussi resserrent peu à peu l’étau autour de Syrte, les avant-postes ayant progressé d’une vingtaine de kilomètres par l’est. Mardi matin, la ligne de front s’était établie à environ 40 km à l’ouest de Ben Jawad, au-delà du hameau d’Umr Gandil et la situation était calme sur ce front, où les rebelles continuaient de recevoir des renforts. Sur le front ouest, les rebelles libyens étaient positionnés à Al-Sadaada, à 150 km environ de la ville de Syrte, d’où ils effectuent des opérations de reconnaissance, dans l’attente du résultat des négociations sur la reddition de la ville.
PAS DE FORCE INTERNATIONALE
A l’approche de la bataille finale se pose la question de la fin de l’intervention étrangère. La mission de l’OTAN continuera tant que persistera une menace du régime de Kadhafi contre la population civile, a annoncé la porte-parole de l’Alliance atlantique, Oana Lungescu. « Malgré la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi et le retour graduel à la sécurité, la mission de l’OTAN n’est pas encore terminée », a renchéri le colonel Roland Lavoie. La fin de mission sera fonction de « l’évaluation de la situation sécuritaire » sur le terrain, a-t-il précisé.
Actuellement, le dirigeant libyen en fuite conserve une « capacité [...] à commander et contrôler des troupes, leurs mouvements, et celui d’armes ainsi que leur déploiement, y compris le tir de missiles sol-sol », a ajouté le colonel Lavoie. « Les [forces] pro-Kadhafi que nous observons ne sont pas en pleine débandade, elles cèdent du terrain de manière ordonnée et se retirent sur la moins mauvaise de leurs positions, compte tenu de leur armement », a-t-il précisé.
Le chef du CNT a fait savoir mardi qu’il était convenu avec les puissances étrangères qu’il n’avait pas besoin d’une force internationale de maintien de la paix. Les rebelles entendent procéder rapidement à la démilitarisation des groupes rebelles qui tiennent la capitale. « On va ramasser les armes qui sont dans les rues », a ainsi assuré Ahmed Dharrat, responsable en charge du département de l’intérieur au sein du CNT, mardi. « C’est un plan auquel on tient », a-t-il martelé. M. Dharrat a ajouté que les rebelles armés se trouvant dans Tripoli auront le choix entre rejoindre « l’armée nationale » ou les forces de sécurité. Il a ainsi assuré que les exactions contre des fidèles de Mouammar Kadhafi étaient des « actes isolés et non systématiques ».